Lettre ouverte aux présidents des universités de Montpellier

Montpellier le 14 avril 2020

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Monsieur le Président de l’Université,

Malgré la volonté et la communication affichées, nous constatons que tout ne va pas bien à l’université dans la mise en place de la continuité pédagogique et nous craignons que l’organisation des examens en distanciel ne se fasse pas dans de bonnes conditions et ne permette ainsi pas le respect d’égalité entre tous les étudiants.

En effet il n’existe à ce jour aucune estimation fiable et disponible des étudiants en difficulté en termes de connexion dans les différentes U.F.R., éléments indispensables de continuité pédagogique en distanciel et de ceux en situation de détresse sociale et psychologique.

En outre le projet de contrôle en distanciel proposés par les U.F.R. ne tient pas compte de trois éléments techniques et fonctionnels :

1. les problèmes inhérents de connexion, puisque les débits internet sont très fluctuants selon la localisation géographique des étudiants et peuvent être de plus très affaiblis par le confinement qui accroît le nombre de connexions journalières,

2. d’anonymat, puisque ce dernier n’est pas maintenu et de contrôle de l’identité qui en l’état actuel de fonctionnement de notre université ne peuvent être garanties et contrôlés

3. des conditions de confinement, puisque, selon l’environnement et les problèmes socio-économiques, l’état psychologique de l’étudiant peut en être fortement perturbé.

Confrontés de fait à une rupture pédagogique qui n’est pas de leur fait, les étudiants ne doivent pas subir en plus des modalités de contrôle de connaissances discriminatoires pour les moins chanceux et les plus fragilisés.

Nous tenons également à rappeler les trois points de l’article D611-12 du code de l’éducation concernant les examens réalisés à distance, garants de la validation des acquis dans les différents modules d’enseignement et donc de la valeur des diplômes d’enseignement supérieur.

La validation des enseignements contrôlée par des épreuves organisées à distance sous forme numérique, doit être garantie par :
1° La vérification que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves ;
2° La vérification de l’identité du candidat ;
3° La surveillance de l’épreuve et le respect des règles applicables aux examens.

Si ces trois conditions ne sont pas satisfaites, on rentre dans un autre fonctionnement au détriment de celui classique d’un établissement d’enseignement supérieur et dans ces conditions, l’université s’expose à faire face à de multiples recours qui seront justifiés.

Le syndicat C.G.T. des universités de Montpellier, conscient des difficultés rencontrées pour assurer au mieux une continuité pédagogique et des évaluations justes, vous demande de faire remonter dans les délais les plus brefs au niveau national, c’est-à-dire au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi qu’à la conférence des présidents d’université (C.P.U.), une demande argumentée et motivée visant à mettre en place dans toutes les universités du territoire national une modification du calendrier universitaire qui déplacerait la première session à la fin du mois de juin et la seconde à la fin du mois d’août ou début du mois de septembre.

Ce qui permettrait :

—  d’organiser pour tous les étudiants des évaluations en présentiel dans le respect des règles sanitaires qui ne manqueront d’être de rigueur en sortie de confinement et dans le respect des délais entre les deux sessions  ;

—  de privilégier ainsi, au moment de la reprise, de bonnes conditions d’examens à la fois pour les étudiants (qui vont en avoir grand besoin, compte tenu de l’isolement parfois compliqué qu’ils ont vécu pour certains dans des chambres des résidences universitaires) et pour les enseignants ;

—  enfin, de faire en sorte que les examens aient un sens réel, c’est-à-dire d’évaluation de vrais contenus, et ne soient pas juste la source d’un nouveau stress.

Si toutefois le confinement devait se prolonger et rendre impossible une première session en présentiel en juin, la validation du second semestre pour tous les étudiants serait une mesure légitime évitant qu’ils ne subissent la double peine d’avoir été privés totalement ou partiellement d’enseignement et d’être évalués sur des enseignements tronqués.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

Le syndicat C.G.T. des universités de Montpellier

Page publiée le mardi 14 avril 2020

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